L’histoire du merveilleux Amstrad CPC 464

Cet article ne s’adresse pas qu’aux « vieux geeks », bien que ceux-ci tomberont certainement dans les souvenirs de leurs premiers ordinateurs ! Les « jeunes geeks » et « mi-jeune geeks » et même les geekettes sont concernés car c’est une vraie partie de culture geek que je m’apprête à écrire là ! La leçon à retenir est qu’il « ne faut pas se fier aux apparences » 🙂

Il y a 30 ans, naissait l’AMSTRAD CPC 464…

 
L’AMSTRAD CPC 464 (Color Personal Computer, ordinateur personnel en couleur) a été lancé au printemps 84, un an environ après le boom des micro-ordinateurs en Angleterre.

Les britanniques de la société d’électronique et d’informatique AMSTRAD avaient réalisé un travail exceptionnel et livré l’ordinateur en 9 mois. Il fut l’un des plus produits de l’époque même s’il avait été conçu par cette société qui étaient alors uniquement connue pour vendre des gadgets de mauvaise qualité à bas prix. Mais il fut livré à temps, exactement à la date qu’avait donné le constructeur et fut exceptionnel.

Le lancement officiel a eu lieu le 12 avril 1984 à l’école de Westminster à Londres.

L’invitation était originale pour l’époque car elle promettait aux participants de « rencontrer Einstein, Archimède, Shakespeare, Ravel et Monet ».

En réalité, la rencontre se ferait avec l’AMSTRAD CPC 464.
 
 

amstrad color personal computer cpc 464

crédit photo : wiki


 
 
La façon dont AMSTRAD a décidé de se mettre à la conquête du marché de l’ordinateur personnel n’est pas tout à fait claire. Tout au long des années 80, Alan Sugar, alors patron de l’entreprise, n’avait cessé de dénigrer les nouvelles technologies. Non pas qu’il pensait que ce n’était pas bien mais il ne pensait pas que les clients de son magasin auraient besoin ou seraient intéressés par ce genre de produit.

Si cela était réellement son point de vue, il aura vite changé d’avis en avril 1982, lorsque le Sinclair ZX Spectrum est arrivé en magasin.

Le Spectrum n’était pas le premier ordinateur en couleur qui fut disponible en Angleterre, ni même le premier destiné à un usage domestique, mais au moins il aura révélé à Alan Sugar ce marché inexploité : l’ordinateur en couleur à bas prix. Alan Sugar n’est pas le seul à avoir été inspiré par le Sinclair Spectrum. A l’époque, la devise était « Quoi que vous construisiez, vous le vendrez ». Qui, dans le secteur de l’informatique, aurait pu résister ?

Le travail sur l’AMSTRAD CPC 464 a commencé début 83. L’ingénieur en charge des travaux, Ivor Spital, employé de la firme depuis ses débuts, a du rendre une analyse complète de la concurrence afin que l’AMSTRAD puisse être meilleur. Il acheta donc tous les modèles qu’il trouva sur le marché, analysa leur fonctionnement, leurs réglages, les bonus et estima le coût de réalisation.

Le résultat de cette enquête prouva qu’AMSTRAD pouvait et DEVAIT prendre possession de ce marché. Leur meilleur atout étant le prix de vente, cet ordinateur peut tout à fait être un achat impulsif, tant il est abordable financièrement. AMSTRAD fut l’une des premières entreprises à proposer un ordinateur « tout en un », avec haut-parleurs. Toutefois, l’idée que la compagnie puisse construire un close asiatique de l’Apple II a été rejetée.

Alan Sugar explique :
 
 

Mon concept était simple : Papa et Maman ne voulaient pas que le petit Johnny réquisitionne la télévision, alors notre ordinateur devait sortir avec un écran, un clavier, un lecteur de disquette afin de pouvoir lancer un logiciel et le prix de lancement fut de 199£ (ndrl : environ 280€). De cette façon, le petit Johnny pouvait avoir l’ordinateur dans sa chambre et laisser la télévision familiale libre »

 
 
AMSTRAD manquait d’expertise dans le domaine du matériel informatique et de la conception de logiciels, tellement que la société a dû engager des entrepreneurs pour cette partie. Mais le boîtier fut créé par AMSTRAD, sous la direction de Bob Watkins, l’un des principaux adjoints de Sugar. Watkins avait rejoint l’entreprise en tant que dessinateur/designer avant de devenir directeur technique de la fabrication.

Quelques temps plus tard, AMSTRAD avait non seulement conçu le boîtier de la machine mais également choisit les mécanismes du clavier du lecteur de disquettes. Les entrées de ports étaient définies ainsi que les trous de forage nécessaires sur le PCB (Printed Circuit Board, le circuit imprimé) afin de permettre le passage des vis censées maintenir les deux parties du boîtier ensembles. Toute l’équipe n’avait plus qu’à attendre la carte mère et son logiciel.
 
 

La première équipe de développement

 
C’est aux alentours d’avril 83 qu’AMSTRAD trouva ses partenaires de développement. Sugar les décrit comme :
 
 

Un couple de hippies aux cheveux longs qui nous avait aidé auparavant. Ils ont affirmé qu’ils seraient facilement en mesure de concevoir un circuit imprimé (PCB) qui puisse être intégré à ce beau boîtier. Plus précisément, ils ont dit qu’ils pouvaient le faire dans un très court laps de temps. »

 
 
Les travaux ont commencé selon un dispositif basé sur le processeur 6502, alors utilisé dans le BBC Micro, le Commodore 64 et l’Apple II. Il était jugé par l’analyse concurrentielle pour être meilleur que le Z80.

Mais à mesure que le printemps se transformait en été, il est devenu évident que le développement du matériel et des logiciels n’avançait pas comme prévu. Il n’y avait pas de puce ROM (Read-Only Memory, mémoire morte) parce qu’il n’y avait pas de logiciel à mettre dedans. Les concepteurs semblaient avoir créé un système basé sur des dizaines de puces alors que beaucoup d’entre elles pouvaient être intégrées dans un composant personnalisé pour le quart du coût actuel.

Cinq ans plus tard, il fut révélé que l’un des deux hommes membres de l’équipe de développement s’était vu incapable de faire face à la pression de la deadline fixée par AMSTRAD et a brusquement démissionné. Il rendit l’avance donnée sur ses honoraires et tourna les talons.

L’autobiographie de Sugar, publiée en 2010, nous en dit un peu plus :
 
 

Le développeur en question était Paul Kelly, la fusée scientifique en chef du duo dynamique. Kelly était simplement AWOL (ndlr : Away Without Official Leave, Absent sans raison officielle), un jour son père l’a trouvé étendu sur le sol, complètement épuisé. Il a fait ses bagages et l’a emmené là où il pourrait récupérer.’

 
 
En vérité, Paul Kelly et son collègue avaient les yeux plus gros que le ventre. Lors de conception de projets il avaient l’habitude de se vanter : « Oh, ce sera fait dans un mois ». Mais ils ne se fixaient jamais de réelle deadline. Sauf que les dirigeants, Sugar et Watkins, prenaient leurs promesses à la lettre. Une fois le mois dépassé, Watkins commença, très justement, à leur demander où en était le logiciel et à quel moment il serait livré. Kelly, trouvant sa tâche plus difficile à réaliser qu’il ne l’avait pensé, était incapable de fournir une réponse claire. Cela ne fit qu’augmenter la pression qu’il ressentait déjà. Et s’il n’était en fait, pas du tout capable de fournir un produit fonctionnel ?

Mais le duo a réussi à remonter la pense et le logiciel fut finalement livré, sous forme de code, prêt à être gravé sur la mémoire morte. Cela sans compter sur la réaction d’Alan Sugar qui déclara que ce logiciel était une « poubelle » et n’était, selon lui,
 
 

« Qu’une collection d’octets sans aucun sens, qui se contentent de remplir la puce, des déchets de codes uniquement destinés à garder Watkins calme ».

 
 
Ce n’est que lorsque Toshiba a gravé le code sur la ROM que la supercherie a été dévoilé. Sugar ne le dit pas mais il est difficile d’imaginer que lui ou Watkins auraient pu faire quoi que ce soit à ce stade, à part virer les hippies et confier leur logiciel à des personnes compétentes.

Kelly semble avoir récupéré de sa chute, parce que le sucre, dit-il finalement fourni un logiciel dans la machine sous forme de code prêt à être gravé sur ROM. Mais, les principaux revendications Amstrad, le logiciel était «ordures», juste une collection de sens d’octets suffisamment longues pour remplir la puce. Il était « juste quelques déchets de garder Bob calme », ​​et ce ne fut que Toshiba a brûlé vers la ROM que la tactique a été exposé. Sucre ne le dit pas, mais il est difficile d’imaginer qu’il ou Watkins aurait pu faire quoi que ce soit à ce stade, mais prendre le projet à l’écart des «hippies» et le mettre dans des mains plus capables.
 
 

La seconde équipe de développement

 
Rolland Perry et William Poel sont engagés. Ces deux hommes sont devenus le synonyme de l’entrée d’AMSTRAD et de son expansion rapide sur le marché de l’informatique au Royaume-Uni. Pas seulement pour l’effort de la marque afin de livrer un ordinateur personnel à bas prix mais surtout pour son succès dans le monde des affaires.

A ce moment là, Perry et Poel travaillaient à leur compte, pour leur société Ambit International. C’était une boîte de composants et conseil en conception de logiciels, basée dans le comté d’Essex, à Brentwood. Les deux compères étaient copains depuis l’enfance et se sont trouvé un intérêt commun pour la radio et l’électronique, sur les bancs de l’école secondaire, au cours de la fin des années 60. En 71, leurs chemins se sont séparés : Rolland partit à Cambridge afin de poursuivre ses études pendant que Willam resta à Brentwood et entra dans la vie active. Ils restèrent en contact et en 72, Poel lança Ambit International. A cet époque, il commandait des choses qui étaient inaccessibles pour les gens de son village. Il commandait une centaine de pièces, en gardait une pour lui et vendait les autres.

Perry, quant à lui, reluquait les sociétés d’électronique afin de trouver des amateurs capables de concevoir et rédiger des projets. Projets pour lesquels Poel offrirait des composants gratuitement à condition que la personne le laisse publier son travail dans les magazines d’électronique. Les lecteurs intéressés par le récepteur radio, l’alarme de voiture, le détecteur de métal ou autre seraient invités à envoyer un chèque du montant des bits nécessaires à la construction. Cette pratique était courante chez les fournisseurs de composants de l’époque : Bywood Electronics, le pionnier de l’ordinateur personnel. John Miller-Kirkpatrick, le patron de Bywood ne jurait que par cette façon de fonctionner. Tout comme la filiale de recherche, Sintel.

Après l’université, maîtrise en ingénierie et gestion en poche, Perry retourna à Brentwood et Poel l’embaucha comme Directeur Général d’Ambit. Cependant, l’intérêt grandissant de la population face à cette petite entreprise de micro-ordinateur, l’a poussé à se former à la maintenance en 77. Pour cela, il prit un poste dans l’entreprise nationale d’informatique ICL.

Rapidement, cette culture bureaucratique et rigide le poussa a quitter son poste et en 78, il rejoint la société Sintrom afin de l’aider à ouvrir son nouveau MicroShop, qui était essentiellement un showroom informatique, orienté vers les métiers de la conception, introduisant le premier Apple II et le Commodore en Angleterre.

Sintrom a rapidement progressé dans la conception de ses propres machines. Mais lorsque Poel souhaita acheter l’un de ces ordinateurs pour gérer le contrôle des commandes et des stocks d’Ambit, Perry fit la même chose que plusieurs fois auparavant : il quitta Sintrom afin de concevoir le nouveau système d’AMBIT et en écrire le logiciel.

A ce stade, AMBIT est une grande entreprise, qui a réussit. La société avait déjà étendu son activité à la conception, avec un accent certain sur la radio, travaillant avec de grosses boîtes high tech anglaises. Jusqu’au jour où Watkins frappa à leur porte, leur offrant un poste pour la conception d’une radio.

Watkins demanda à Poel ce qu’il pourrait faire pour que l’AMSTRAD CPC sorte à la date prévu. Poel suggéra que lui et Perry soit embauchés en tant que consultants. De là, ils livrèrent à la date prévue, le logiciel capable de faire fonctionner l’ordinateur.

Poel explique :
 
 

Le point fort d’AMSTRAD était l’outillage, le moulage par injection et l’électronique conventionnelle. En août, ils ont sorti un clavier entièrement terminé, ils avaient des moniteurs, un lecteur de disquette fonctionnel : vous pressez le bouton « Eject » et la cassette sort, tout comme sur un ordinateur complet. Le seul problème était qu’ils ne disposaient pas de carte mère. Ils savaient exactement la forme qu’elle devait avoir, les connecteurs étaient à l’arrière, les trous pour les vis étaient présents sur les deux moitiés du boîtier afin de le fermer, tous percés au bon endroit. Donc ils avaient besoin d’une jolie carte mère pour remplir le boîtier vide.

 
 

Le recrutement des experts

 
Grâce au contrat de développement qu’AMSTRAD a signé avec AMBIT, Perry partit directement à Cambridge afin de se rapprocher de plusieurs de ses contacts dans la communauté locale afin de choisir celui qui pourrait prendre en cours le travail effectué et le terminer.

Il précise :
 
 

Je connaissais beaucoup de personnes travaillant dans ce genre de choses et je savais exactement ce qu’il fallait en terme de composants : vous avez besoin d’un interprète Basic, vous avez besoin d’un générateur de sons et d’une certaine résolution à l’écran. Un grand nombre d’ordinateurs ne pouvait faire que quatre couleurs et à une résolution limitée. Je voulais faire mieux, donc je me suis littéralement embarqué dans un road trip et suis allé parler à tous mes contacts en activité dans des entreprises informatiques ou de conception et leur ai montré le boîtier, avec le lecteur et le clavier et demandé ce qu’ils pouvaient faire pour nous.

 
 
Beaucoup d’entreprises ne furent pas intéressées ou estimaient que la boîte n’avait pas l’expérience nécessaire pour écrire du Basic. D’autres étaient beaucoup trop occupés. Puis il tomba sur Howard Fisher, ancien camarade d’école, lui suggéra de se rendre à Dorking, comté de Surrey et passer un coup de fil à Locomotive Software, qui venait juste de terminer un project Basic pour la BBC.

Le co-fondateur de Locomotive Software, Richard Clayton, se souvient en 2012 :
 
 

Nous avons vu la matériel pour la première fois en août 83, lorsque Roland nous l’a montré, dans ma chambre. Il avait gravé le mot « Arnold » sur le boîtier, mais quand nous avons ouvert le capot, AMSTRAD était clairement imprimé sur le circuit.

 
 

Pourquoi « Arnold » ?

 
C’était l’idée de Poel. Mais plus tard, Roland insista sur le fait qu’Arnold était simplement un anagramme de son prénom.

L’équipe de conception d’AMSTRAD avait depuis longtemps achevé le boîtier externe de l’ordinateur, avec le clavier, les touches, le curseur, le pavé numérique et le lecteur de disquettes. Les trous pour les ports étaient là ainsi que le logo de l’entreprise, visible juste au dessus du clavier.

Obsédé par la confidentialité commerciale, il était peu probable que les dirigeants d’AMSTRAD soient d’accord pour que Perry donne des interviews au sujet de l’ordinateur. Perry utilisa donc du dissolvant afin d’effacer le nom d’AMSTRAD et le remplacer par ARNOLD. Poel suggéra que ce nom encouragerait ceux qui auront vu le boîtier à penser à Arnold Weinstock alors à la tête du géant industriel GEC et penseraient donc que c’était lui qui commercialisait l’ordinateur que Perry montrait à tout le monde.
 
 

Cela mettait les gens à l’aise, parce qu’ils savaient que GEC avait toute sorte de petites entreprises et que l’une d’entre elle pourrait très bien être axée sur le développement d’un ordinateur personnel. Effectivement, le monde a suivi l’hypothèse envisagée et furent d’autant plus prêt à entendre ce que Roland avait à dire sur ce nouvel ordinateur. En tout, il aura parlé à environ une douzaine d’entreprise sur le projet.

 
 
Richard Clayton dit qu’à ce moment là il n’avait jamais entendu parler d’AMSTRAD mais cela ne l’a pas empêché de signer afin d’écrire un interprète Basic pour la nouvelle machine. Locomotive Sofware était un candidat idéal pour réaliser ce travail. Bien que l’entreprise n’existait que depuis le 14 février, ses deux directeurs, Clayton et Chris Hall avaient déjà reçu des commandes d’ACORN pour écrire une version de base pour l’add-on de l’ordinateur z80 de BBC pour qui Fisher compilait des paquets de logiciels. Leur Mallard Basic, nommé de la sorte en raison de sa vitesse avait été terminé et soumis à des tests de bug lorsque Perry a appelé.

Clayton était étudiant en mathématiques à Cambridge d’où il s’est fait renvoyer pour avoir échoué à ses examens de deuxième année et s’être impliqué dans des manifestations contre l’augmentation des loyers à l’université. Il prévoyait de passer à l’informatique lors de sa troisième année mais à la place, il rejoint le monde du travail, se joignant à ICL en temps de programmeur. C’est au cours de l’été 73, soit 18 mois plus tard, qu’il a été embauché par Data Recall. Le programmeur en chef, David Collier, amis de Clayton, souhaita qu’il devienne son numéro deux.

A cette époque, Data Recall était basé dans la banlieue Ouest de Londres, à Boston Manor. Clayton avait besoin de bouger et une connaissance chez ICL, Chris Hall lui prêta sa chambre, le temps qu’il en trouve une pour lui. Clayton pu retourner la faveur que lui avait accordé Hall, quand David Collier se fit éjecter de Data Recall. Clayton pris sa place et demanda à ce que Hall soit embauché. Pendant sa période Data Recall, Clayton obtint son diplôme d’informatique à Manchester.

En 1980, Chris Hall en eut marre de travailler sur des logiciels de traitement de texte et quitta Data Recall pour devenir consultant. Il resta en contact avec Richard et en 82, la paire décida de monter une affaire ensemble. Le PC d’IBM venait d’être lancé aux Etats-Unis et était maintenant en vente au Royaume-Uni. Leur premier projet fut donc d’aider à l’optimisation de la machine.

Puis Fisher vint frapper à la porte. Il avait besoin d’un Basic qui fonctionnerait avec le z80 et qui coûterait moins cher que celle de Microsoft et qui pourrait être codée avec un système de méthode d’organisation séquentielle indexée. Il n’aurait donc pas besoin d’acheter une application de base de données en plus.

Les deux programmeurs négocièrent avec Locomotive Software afin d’embaucher une troisième personne pour les aider : Paul Overell. Paul écrit les fichiers système. La promesse à Fisher fut respectée et Fisher fut heureux de les recommander à Roland Perry. Au cours du mois d’août, il offrit officiellement à Locomotive l’ordinateur AMSTRAD.

L’interprète Basic de Locomotive fut écrit en langage Z80. Perry précise :
 
 

« Le plan original était simplement de terminer le matériel existant et d’écrire le logiciel. Les mecs de Locomotive m’ont dit qu’ils pouvaient convertir leur Basic pour le processeur 6502 mais il est possible qu’ils ne soient pas en mesure de le faire, ni de faire toutes les modifications nécessaires comme l’ajout de graphiques, de couleurs, de sons et surtout, supprimer le système de méthode séquentielle indexée avant le mois de décembre – date limite fixée par AMBIT. Pourquoi n’ont-ils pas simplement suggéré de passer à la version Z80 ? Cela aurait permit à Locomotive de prendre le travail déjà effectué et leur aurait donné plus de temps pour élargir et renforcer son Basic pour l’ordinateur personnel »

 
 

Les ingénieurs

 
Lorsqu’ils étaient chez Data Recall, Clayton et Hall ont fait la connaissance d’un jeune ingénieur en matériel nommé Mark-Eric Jones (MEJ). Il était le fils du patron mais avant tout, un assistant électronique avec un vif intérêt pour la technologie et les microprocesseurs. Le jeune MEJ était dans le milieu depuis son adolescence et il partit naturellement étudier les sciences électriques au Trinity College de Cambridge et suivi les cours d’ingénierie axés sur l’électronique en troisième année. Mais bien avant cela, Jones aidait son père à améliorer les traitements de textes pour Data Recall et gagnait son argent de poche en faisant des travaux de réparation système pour un concessionnaire qui vendait des ordinateurs fabriqués par la société israélienne Elbit Systems.

En 1976, peu de temps après avoir obtenu son diplôme, Jones se vit confier un projet de conception et d’amélioration de microprocesseurs.

C’est en 1983 que Perry et MEJ se rencontrent, au moment où Mark Eric Jones lança MEJ Electronics.

En 1983, lorsque Roland Perry l’a rencontré pour la première fois, MEJ avait beaucoup grandi et était devenu une entreprise de conception de matériel. MEJ se souvient :
 
 

Rolland est arrivé avec un circuit imprimé avec un tas de copeaux dessus. Il y avait clairement des problèmes avec le conseil d’administration, pour ne dire que ça. J’ai bien regardé le PCB et ai remarqué que certaines des puces n’avaient aucune alimentation connectée et je savait que cela ne pouvait pas fonctionner. Certains problèmes pouvaient être résolus rapidement mais dans un temps si court je ne pouvais pas prendre le temps d’examiner le PCB plus en profondeur. Je me souviens d’un sentiment de malaise à propos de la conception. Maintenant, je suppose que tous les concepteurs pensent que s’ils regardent la conception d’un autre, cela irait plus loin que la normale. Je n’avais aucune expérience sur le 6502 mais j’avais fait beaucoup de design pour le Z80, donc autant que je le craignais, il n’était pas possible de changer pour le Z80.

 
 
Les mains se sont serrées, les deals étaient faits. L’approbation d’AMSTRAD accordée. Fin août, un calendrier de développement strict a été établit. Début septembre, Locomotive Software avait un peu plus de 12 semaines pour écrire le code. Il n’aura pas été livré avant début décembre. En même temps, Jones construisait la carte mère adaptée au boîtier AMSTRAD.

Clayton rappelle en 2012 :
 
 

Début septembre nous sommes partis d’un tableau blanc. Chaque semaine nous avons ajouté des semaines supplémentaires pour la livraison, nous savions exactement où nous en étions au jour près. Le logiciel était gravé le jour prévu. Nous avons été très influencés par ce qu’avait fait ACORN pour la BBC mais nous voulions éviter de tomber dans la science-fiction donc nous avons ajouté beaucoup de mots-clés. Nous voulions aussi être en mesure de montrer ce que la machine était capable de faire, les graphiques, les sons, etc… de sorte que nous puissions faire avancer les choses sans avoir à apprendre à programmer en assembleur.

 
 
Chris Hall ajoute lors d’une interview en 1984 au Popular Computing Weekly :
 
 

Notre logiciel était terminé 14 semaines avant. Au lancement, les machines avaient la ROM intégrée.

 
 

Le logiciel

 
 
circuit
 
 
Clayton et Hall ainsi que les nouvelles recrues Bruce Godden et Tony Bush, embauchés via AMSTRAD, ont décidé concevoir le logiciel système en apportant quelques modifications à l’interprète Basic. Le programme serait livré avec les fonctionnalités supplémentaires requises par la nouvelle machine.
 
Le programme fut organisé en 5 modules fonctionnels :
 

  • L’écran, attribué à Paul Overell,
  • Le lecteur de disquette, attribué à Tony Bush,
  • Le design, attribué à Bruce Godden,
  • L’arithmétique en virgule flottante, attribué à Chris Hall,
  • L’OS, également attribué à Chris Hall.

 
 

Richard Clayton nous explique les raisons de la segmentation :

 
 

Conserver certaines fonctions clairement séparées et organisées, bien sûr, mais également parce qu’elle aura permis aux membres de l’équipe de travailler plus facilement en parallèle et parce que chaque partie du programme devait tenir sur une disquette 5,25 pouces.

 
 
Chris Hall ajoute :
 
 

Nous avons essayé de faire la distinction entre le programme et le Basic. Le Basic prend simplement les commandes tapées, les emballent et les transmet au programme. Le HiSoft Pascal écrit pour la machine dispose par exemple de tous les graphiques et installations sonores que le Basic possède. L’objectif était de programmer ARNOLD aussi facilement que possible. La personne en train d’écrire le logiciel ne devait pas avoir besoin d’avoir le matériel  côté de lui.

 
 
Plus tard, les éditeurs de logiciels ont commencé a demander à AMSTRAD de pouvoir utiliser la boîte à outils du programme afin de ne plus avoir besoin d’écrire leurs propres routines pour les tâches-clés. C’est une approche commune aujourd’hui mais qui n’était pas courante à l’époque.
 
L’équipe a continuer d’innover :
 
 

Nous voulions que la machine puisse avoir une fenêtre séparée pour les textes et les graphiques. Nous avons pensé qu’une seule fenêtre de texte ne serait pas suffisante, alors nous en avons fait huit, pour les huit flux de texte. Chaque flux possède donc sa propre fenêtre, son propre curseur et ses propres commandes.

 
 
Source : theregister.co.uk